Collège international de philosophie

2011

Christian BIET & Philippe MESNARD

Le sens en résistance : Quel spectacle pour quelle violence ?
Performance, dramaturgie, traumatisme

18h30-20h30
Salle JA05, Carré des Sciences,
1 rue Descartes,
75005 Paris

Les mercredi 2 mars, 23 mars, 6 avril, 11 mai, 18 mai, 25 mai 2011

Séminaire organisé en collaboration avec l’équipe de recherche EA 3458 « HAR » Histoire des Arts et des Représentations (Paris Ouest) Les interrogations sur le rapport entre Shoah et représentation, généralement posées suivant l’alternative de l’irreprésentabilité ou non de l’événement, ont une importante dimension publique depuis les années 1980. Ces débats sont, en France, centrés de façon quasi-obsessive sur le cinéma, pourtant, d’autres approches artistiques sont également concernées. Le séminaire de cette année sera plus particulièrement occupé à entendre et à questionner ce que le théâtre nous dit de la représentabilité des violences extrêmes avec le souci de croiser l’histoire de la dramaturgie face à la cruauté avec le théâtre de la Shoah, des camps nazis et des violences politiques contemporaines. Le théâtre de Delbo (secrétaire de Jouvet et rescapée de Birkenau), mais aussi de celui de Corneille ; Titus Andronicus revu et corrigé par Botho Strauss, mais aussi L’Instruction de Peter Weiss ; Holocauste de Claude Régy et Blasted de Sarah Kane, mais aussi de l’Orestie d’Eschyle ; l’adaptation théâtrale par Primo Levi (1966) de Si c’est un homme ou Don’t touch my Holocaust d’Asher Tlalim (1995), mais aussi de quelques Canards sanglants du XVIIe siècle. Rwanda 94 du Groupov et Le More cruel (1612).

2 mars : Figurer les traumatismes (XVIe / XXIe)
23 mars : Violences et cruauté, la part des acteurs, la part de la représentation
6 avril : intermède : du théâtre au cinéma et inversement
11 mai : Qualifier les places du spectateur
18 mai : Nouvelles violences, nouvelles dramaturgies ? 25 mai : table-ronde : une critique du trauma, quelles conditions, quelles limites ?

 


2010

Le sens en résistance. Lire et relire les témoignages

18h30-20h30
Salle JA05

1, rue Descartes (entrée : 25, rue de la Montagne Ste Geneviève)
75005 Paris
Tél. : 01.44.41.46.80

Les jeudi 11 mars, 25 mars, 1 avril, 8 avril & 20 mai 2010

Cent fois sur le métier… savoir lire est une chose, savoir relire en est certainement une autre. Le sens peut résister à notre compréhension et nous-mêmes pouvons résister à ses appels. Nous lui opposons parfois les défenses de notre savoir qui est convaincu de les avoir compris. C’est pourquoi nous proposons de consacrer le séminaire de cette année à une (re)lecture de grands textes testimoniaux liés à la Shoah et aux camps nazis : Primo Levi, Charlotte Delbo, Jean Améry, Imre Kertész, les écrits des Sonderkommandos. Cet exercice sera mené avec un souci de transversalité qui nous portera également aussi bien vers Jean-Norton Cru que vers Varlam Chalamov. Cette (re)lecture sera mise en convergence avec une critique des questions fondamentales du témoignage qui portent notamment sur : l’ancrage biographique ; la périodisation ; identité narrative ou identité énonciative ; le trauma ; genre ou non-genre du témoignage ; le récit et ses fonctions socialement partagées concernant le témoin ; la question de l’action et de ses figures ; incarnation et hypostases héroïques ; le document brut…
 

Ordre des séances :
11 mars : Introduction générale, suivi de la résistance d’Imre Kertész : violence, mythe et langage
25 mars : Primo Levi
1 avril : Charlotte Delbo (avec la participation de Luba Jurgenson)
8 avril : Jean Améry (avec la participation de Régine Waintrater)
20 mai : Les écrits des Sonderkommandos

Le 11 mars
Peut-être arrive-t-on à l’heure de travailler, parallèlement aux corpus, les concepts et les notions qui appartiennent au champ testimonial et à celui de la mémoire. Le premier champ est à entendre comme un espace d’expression, le second à considérer dans une acception bourdieusienne et, à la fois, comme une nouvelle épistémè – bien plus qu’une idéologie – qui nous donne à penser. Mais contre laquelle nous devons aussi apprendre à penser. C’est pourquoi, si l’heure est désormais propice à travailler concepts et notions, à les identifier, les définir, réfléchir sur leur provenance comme leurs effets, il me semble important de ne pas en remettre à plus tard la critique, mais au contraire de faire de celle-ci le moteur de cette recherche. L’on se risquera donc à développer trois critiques dirigées respectivement sur l’ancrage biographique, la périodisation et le récit, trois notions fortes des études sur le témoignage. Non pas pour les révoquer, mais pour les ajuster à leurs objets qu’elles tendent à réduire parfois à l’excès et pour souligner leur frontière. La critique du récit se fera à partir de textes d’Imre Kertész où il développe de façon singulière les questions liées aux rapports entre violence, mythe, imagination et langage.

Le 25 mars
Comment Primo Levi a-t-il écrit Si c’est un homme et comment s’est constitué à partir de cette écriture un projet testimonial qu’il a éprouvé comme une expérience de la réécriture proche du ressassement. Comment l’écriture littéraire a-t-elle été pour lui une façon de sortir du témoignage, de s’en dégager et, paradoxalement, une façon d’y revenir plus précisément. Comment Primo Levi n’est pas réductible à l’idée d’un penseur clair et rationnel.


2009

Sens en résistance. Littérature, théâtre, arts et enjeux mémoriels contemporains (II)

Séminaire organisé en collaboration avec l’équipe de recherche EA 3458 « HAR » Histoire des arts et des représentations (Paris X)

Ce séminaire doit permettre d’interroger la place que tiennent les événements historiques investis aujourd’hui par les questions mémorielles dans les expressions littéraires et artistiques. En littérature et au cinéma principalement, on remarque l’émergence d’œuvres dont les protagonistes se trouvent en rapport à l’Histoire collective par le prisme d’histoire(s) familiale(s), souvent les leurs. Par ailleurs, la mise en tension de deux ou plusieurs mémoires (nazisme et communisme ; occupation en France, guerre d’Algérie, guerre de 1914-1918…) est un aspect récurrent de ces œuvres, comme si une mémoire n’allait jamais seule. Enfin, si les figures topiques de la violence collective (héros, bourreaux, victimes, traîtres) associées à des sentiments ou des valeurs types (courage, gloire, lâcheté…) sont convoquées, c’est généralement pour qu’elles soient critiquées, voire retournées, remettant par là même en question leur capacité à animer et à porter un récit épique. Quant à l’écriture même, si la configuration réaliste, s’appuyant sur des formes de continuité narrative et des dispositifs conventionnels de mise en intrigue, est toujours très présente, des tentatives expérimentales savent également s’imposer. Mutatis mutandis, ce phénomène a lieu dans un nombre de pays de culture occidentale (Allemagne et Autriche, États-Unis, Espagne et Portugal, Europe de l’Est, Italie, Israël, France, Cône sud de l’Amérique latine, Russie, Suisse…) suffisant pour attirer l’attention d’un travail comparatiste.

Lieu : Centre Parisien d’Études Critiques, 37 bis rue du Sentier 75002 Paris.

2008
16 décembre: Philippe Mesnard, Au-delà des genres, à travers les arts, l’expression mémorielle contemporaine (introduction et problématique du séminaire)

2009
20 janvier : Dominique Viart (Université Lille 3), Nouveaux modèles d’écriture de l’histoire en littérature française
10 mars : Emmanuel Bouju (Rennes 2), La douleur fantôme de l’histoire : à propos de David Albahari et de Aleksandar Hemon
24 mars : Anne Roche (Aix-en-Provence), À propos d’Antoine Volodine
7 avril : Ines Cazalas (Paris VII), Histoire familiale, histoire nationale : les généalogies franquiste et salazariste à l’épreuve du roman contemporain (Juan Benet, António Lobo Antunes)
28 avril : Georges Tyras (Grenoble 2), Javier Cercas (Soldats de Salamine) versus Alfons Cervera (Maquis)
19 mai : avec Séra (auteur de bandes dessinées, artiste), Autre mémoire, autres représentations ? Bandes dessinées et cinéma sur le génocide khmers
26 mai : Carola Hähnel-Mesnard (École Polytechnique), Les écrivains contemporains allemands entre leurs mémoires